Les producteurs agricoles se mobilisent contre le projet P93

Courtoisie

Des dizaines de manifestants, rassemblant producteurs agricoles et citoyens, se sont réunis ce vendredi devant les bureaux du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, à Saint-Eustache pour une mobilisation symbolique.

Cette mobilisation visait à dénoncer la vente forcée d’un terrain appartenant à la Ville de Blainville à Stablex pour l’agrandissement de son site d’enfouissement de déchets dangereux, un projet mettant en péril un milieu humide essentiel à la biodiversité, situé aux abords des terres où nous cultivons la nourriture des citoyens et à proximité des zones habitées. Il menace directement la qualité de l’eau, l’intégrité de nos sols et la sécurité des populations locales.

Sur place, la vice-présidente de l’UPA Outaouais-Laurentides, Audrey Lemaire, a pris la parole pour souligner l’urgence d’agir et exiger une réévaluation complète du projet. « Nous ne sommes pas contre Stablex. Nous comprenons la nécessité de gérer les matières dangereuses, mais nous voulons que cela soit fait correctement, avec rigueur, transparence et dans le respect de nos terres et de nos communautés. Aujourd’hui, nous sommes aux côtés de la Ville de Blainville et de sa population pour exprimer nos préoccupations. »

De son côté Stéphane Alary, Président de l’UPA Outaouais-Laurentides a tenu à rappeler le contexte actuel. « Et que dire du contexte actuel? Alors que nous faisons face à des défis importants, notamment des menaces de tarifs douaniers qui pourraient fragiliser notre secteur agricole, nous nous interrogeons sur le soutien du gouvernement à une entreprise américaine dans un projet aussi sensible. Cette décision mérite une réflexion approfondie. ».

Stablex prévoit d’agrandir son site d’enfouissement dans une zone humide, à proximité de quartiers résidentiels et de terres agricoles. « Comment peut-on permettre ça? Comme agriculteurs, nous n’avons pas le droit de cultiver sur des terres humides, alors pourquoi autoriserait-on une entreprise américaine à y enfouir des déchets toxiques? Cette situation soulève de nombreuses questions auxquelles nous devons obtenir des réponses », a ajouté Mme Lemaire.

L’UPA Outaouais-Laurentides a formulé plusieurs demandes claires au gouvernement :

  1. Une réévaluation complète du site de Blainville pour la gestion des déchets dangereux et demander à Stablex de procéder à une démarche sérieuse de recherche de terrain potentiel autre pour poursuivre ses activités;
  2. Une augmentation des garanties financières pour assurer une couverture suffisante en cas de problème;
  3. Une assurance responsabilité civile plus élevée et cohérente avec les dangers des opérations entreprises par Stablex;
  4. Une analyse approfondie des impacts environnementaux et des risques d’accident;
  5. Plus de transparence dans la gestion de ce projet et dans les responsabilités post-fermeture.

Francis Allaire, conseiller municipal du district de Notre-Dame-de-l’Assomption, était également sur place pour s’adresser aux médias et aux participants. « La décision que nous avons prise à Blainville, c’est de conserver ce terrain qui nous appartient. Rien ne justifie cette expropriation pour céder notre terrain à une entreprise américaine qui importe chez nous des déchets dangereux provenant notamment des États-Unis. Merci à l’UPA d’appuyer ce combat qui est aussi celui des agriculteurs de Blainville et du Québec. »

La députée libérale des Mille-Îles, Virginie Dufour, était présente à la mobilisation afin d’exprimer son soutien aux citoyens et aux agriculteurs. «En plus d’être une attaque frontale à l’autonomie municipale, le projet de loi présenté par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts refile aux Québécois une facture de 17 millions de dollars pour l’acquisition d’un terrain pour une entreprise américaine. C’est scandaleux!».

La mobilisation contre le projet P93 se poursuit, et les citoyens, tout comme les acteurs du milieu agricole, restent déterminés à faire entendre leur voix.